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La lettre du Ster de Lesconil












       Un peu d’histoire - Par Vincent Le Floc’h

       LES POLDERISATIONS DU XIX        e   locations) calculés en francs, ont, sans aucun doute,   Il faut aussi accorder une place particulière aux nom-
       siècle (troisième partie)           fondu du fait de la guerre. Le commandant Puyo   breux petits lots achetés par les familles de paysans-
                                                                                marins de Larvor dans ce qui allait devenir bientôt le
                                           serait ainsi dans la même situation que beaucoup de
       IV. APRÈS LA MORT DE LE BLEIS, RETOUR À UNE   rentiers ruinés et réduits à vendre leurs biens fonciers,   grand rectangle de terres sablonneuses consacrées à
       MISE EN VALEUR PLUS TRADITIONNELLE  quand ils en ont.                    la culture de la carotte. Voir Doc 4.
       Hyacinthe Le Bleis décède le 25 août 1868 en son   La vente du Ster Kerdour s’est faite en deux temps.   Le polder étant devenu propriété privée avec de mul-
       domicile de Pont-l’Abbé. Les biens restent entre les   Le 27 août 1920, maître Jacques Qeinnec, notaire à   tiples propriétaires, il a fallu songer à son entretien.
       mains de sa veuve Constance Bourriquen-Quénerdu.   Pont-l’Abbé, entérine la vente du Ster Kerdour par   Ce fut la raison principale de la création de l’Asso-
       Le gérant Dumolon s’en va à la même époque. Alors   «  Emile-Constant-Joachim Puyo, célibataire, chef   ciation des propriétaires du Ster Kerdour qui s’est
       deux familles, Ollivier et Garrec, se retrouvent à la tête,   d’escadron d’artillerie en retraite, demeurant à Paris,   donné pour mission d’entretenir les canaux ainsi que
       chacune, d’une exploitation utilisant les bâtiments   rue de Turin, n° 33, à Monsieur Louis Salomon, ma-  les routes crées pour relier les points névralgiques du
       précédemment occupés par le gérant. La famille Olli-  jeur célibataire, négociant en immeubles, demeurant   polder, sans oublier le coup d’oeil nécessaire sur l’état
       vier s’en va au bout des 9 années du bail, laissant de   à Paris, boulevard Haussman, n° 21 ». Les biens ven-  de la dune.
       ce fait pour plusieurs années les 2 exploitations à Yves   dus consistent en :
       Le Garrec secondé par ses enfants, leurs conjoints et   « 1 . une ferme ayant maison d’habitation avec étage   VI . DE LA VOCATION AGRICOLE AU TEMPS DU
       bientôt petits enfants. Yves Le Garrec ne quitte les   et grenier, bâtiments d’exploitation et terres et prai-  TOURISME ET AU RACHAT PAR LE CONSERVA-
       lieux que juste avant sa mort en 1900 chez l’une de   ries, le tout actuellement loué à Pierre Struillou.  TOIRE DU LITTORAL
       ses filles à Kergroës-Plonivel. On sait grâce au recen-                  On est en effet surpris en regardant la photo aérienne
       sement de 1911 qu’à cette date, l’une des fermes   2 . une autre ferme ayant maison d’habitation avec   de l’IGN de 1948 (Doc 4). Le grand rectangle facile-
       est tenue par Philibert Garrec (l’un des fils d’Yves) et   grenier ; bâtiments d’exploitation et diverses parcelles   ment reconnaissable  est composé d’une multitude
       l’autre par un paysan du quartier, Pierre Struillou.  de terre et prairies, le tout loué actuellement aux   de micro-parcelles achetées par les familles de Larvor
                                           époux Philibert Garrec.              au marchand de biens Salomon autour de 1920. Elles
       Entre temps le propriétaire a changé. Après la mort
       en 1874 de l’épouse de Hyacinthe Le Bleis, le Ster   3 . une maison d’habitation louée à Kerhom.  ont été subdivisées ensuite à l’extrême, à l’occasion
       passe entre les mains du petit-fils Emile Joachin,   4 . et diverses autres parcelles de terre sablonneuse et   de partages au sein de ces familles. Ces terres sablon-
       Constant PUYO, dit Commandant Puyo. Ce dernier,   prairies louées à divers locataires ». Voir Doc 4  neuses conviennent parfaitement à la culture de la
       petit-fils de Hyacinthe Le Bleis, rappelons-le, est issu   Cela fait en tout 80 ha, sachant que 4 ha avaient déjà   carotte, qui a fait la juste réputation de ce quartier
       d’une famille morlaisienne (du côté de son père)   été vendus aux propriétaires de la ferme de Pen ar   éloigné du bourg de Loctudy : Larvor. Cela a duré un
       impliquée dans le négoce. Il fait de brillantes études   Palud, quelques années auparavant. L’acte de vente   demi-siècle environ.
       (polytechnique), s’engage dans l’armée comme offi-  précise par ailleurs que « dans la présente vente sont   A partir de 1970 environ, le tourisme aidant et l’enri-
       cier et… reste célibataire. A partir de 1880, il s’inté-  compris les droits et obligations… en ce qui concerne   chissement des familles allant en s’accroissant, la ten-
       resse au pictorialisme, mouvemment esthétique tou-  les dunes, la digue, l’écluse et autres travaux de dé-  tation a été forte de vendre les terrains à des estivants
       chant la photographie et cherchant à valoriser l’effet   fense ».        pour leur permettre d’y faire stationner caravanes et
       recherché en insufflant du flou à la photographie. Ce                    mobil-homes.  Cela  transparaît  sur  cette  photo  du
       courant culmine à la fin du XIX  siècle. Puyo quitte   Sont cités également une quarantaine de baux de   début de l’été 2005.
                            e
                                           location (2 fermes et une multitude de parcelles
       l’armée en 1902 pour s’adonner à sa passion favo-
       rite et vit à Paris. Ayant hérité du Ster Kerdour, il s’y   de terre) que Monsieur Salomon doit laisser aller à
                                           leur terme. Tous sont des baux de 9 ans, signés en
       intéresse au début, semble-t’il, en faisant construire,   1913 pour les plus anciens et  en 1918 pour les plus
       autour des années 1900, un long mur de conso-
       lidation en pierre partant de la pointe de Larvor et   récents. La plupart des parcelles sont grevées d’une
                                           servitude : laisser un droit de passage aux proprié-
       se prolongeant vers l’Ouest sur près de 250 mètres
       (Doc 6). Des lambeaux de cette défense contre les   taires de parcelles qui n’ont pas d’accès direct sur un
                                           chemin.
       assauts de la mer étaient encore visibles vers 1960.
                                           Le montant de la vente s’élève à 250 000 francs.
                                           Par ailleurs l’acquéreur déclare qu’ « il achète la pré-
                                           sente propriété en vue de la revendre » ce qui fut fait
                                           peu après.
                                           L’intéret de cet acte réside dans le fait qu’on a une   Doc 7 - IGN photo aérienne juillet 2005
                                           description complète de la propriété du Ster Kerdour.  La dernière étape des transformations du Ster Ker-
                                           La vente a duré plusieurs semaines voire mois.  dour repose entre les mains de l’organisme de l’Etat
                                           Parmi les lots vendus, retenons celui attribué à Pierre   chargé de la protection des zones sensibles  : le
                                           Struillou le 25 novembre 1920. IL s’agit de la seconde   conservatoire du littoral créé en 1975. Cet établis-
                                           ferme sise à Ster Kerdour d’une contenance de 8 ha.   sement a racheté la majeure partie du polder et en
       Doc 6 - Photo parue dans le travailleur bigouden et com-  Alors que la première ferme, mise à prix 15 000 fr   assure l’entretien avec plus ou moins de succès, si
       mentée par Raymond Cariou           comme celle-ci, n’a pas trouvé preneur, ici la suren-  l’on en juge par la multiplication de plantes invasives
       Manifestement, depuis son départ de l’armée, le Ster   chère a joué. Pierre Struillou l’a finalement emporté au   (herbes de la Pampa).
       Kerdour ne semble plus intéresser celui qu’on conti-  prix de 17 000 fr. Cet entêtement à vouloir se rendre   Ainsi les anciens marais de Bremoguer retournent
       nue à appeler le Commandant Puyo.   propriétaire surprend quand on connait la suite. Une   plus ou moins à leur état naturel, mises à part les
                                           dizaine d’années plus tard en effet, il a été réduit à   terres transformées en prairies et  entretenues par un
       V . LA MISE EN VENTE EN 1920.       tout mettre en vente, pour  cause de mauvaise ges-  troupeau de vaches d’une ferme voisine. D’ailleurs le
       On peut aussi se demander si la vente par Puyo   tion de son bien. Beaucoup de paysans du voisinage    plan de prévention des risques naturels (PPRN) a clas-
       n’est pas liée à la  dévalorisation du papier-monnaie   en ont alors profité pour acquérir des arpents supplé-  sé l’ensemble du polder en zone inondable. Retour
       pendant la guerre. Les revenus de Puyo (retraite de   mentaires provenant du polder et, ainsi, s’ajouter aux   donc pratiquement à la case départ, la présence de
       l’armée et rentrées d’argent liées aux différentes   quelques hectares qu’ils possédaient déjà.  la mer mise à part !


                                Les Amis du Ster / ADRSL - 1 rue de la Mairie - 29740 Plobannalec-Lesconil
                        contact29740@les-amis-du-ster-adrsl.fr - Site Web : http://les-amis-du-ster-adrsl.fr/Amis-du-Ster/
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