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La lettre du Ster de Lesconil












       Un peu d’histoire - Par Vincent Le Floc’h

       Nous avons vu la dernière fois comment   père, cultivateur demeurant au lieu de   Pure invention probablement. »
       la chapelle de Saint-Alour avait traversé,   Kerversit, même mairie de Plobannalec. » La   Quant à la croix du cimetière, on la
       tant bien que mal, les années de la période   liste des biens y est détaillée : « la ci-devant   démonta en 1876, à l’occasion des travaux
       révolutionnaire.  D’abord  interdite  au  culte,   maison presbytérale, cour, jardin et verger   de construction de la nouvelle église de
       elle a ensuite ouvert ses portes  quelques mois   et généralement tout ce qui en dépend […],   Plobannalec. Le fût trouva sa place sur une
       en 1795 avant d’être vendue comme bien   ruines de la chapelle de Saint-Alour Bihan,   nouvelle base dans l’enceinte du cimetière et
       national.                           cimetierre, croix et mur le cernant, un courtil   il s’y trouve toujours. Quant à la base, une
                                           […] et une portion de terre chaude […],  tous   stèle gauloise cannelée, elle fut récupérée
                                           les bois enlevables tant sur les fossés (=talus)   autour des années 1930 pour servir de
       L’achat puis la vente des biens     que sur les prés sur les dépendances  [de
       nationaux de Saint-Alour            toute la propriété]. »               support à une croix en bois installée dans
                                                                                l’enclos de l’église de Lesconil.
       L’intention  de Guillermou  était  au moins                              La maison presbytérale et ses dépendances
       dans un premier temps de s’installer   Que sont devenus ces biens ?      appartiennent en 1832 aux héritiers de
       durablement à Plobannalec. Disposant d’une   La  fortune de  Pierre  Toulemont était   la  sœur de  Jean-François  Calvez.  Tudyne
       fortune personnelle non négligeable, il en a   rondelette. A sa mort en 1808, ses biens   Toulemont avait donc vendu ce bien à sa
       profité pour acheter le 26 frimaire An IV (17   sont partagés entre ses 3 héritiers vivants   belle-sœur.
       décembre 1795) un lot de biens nationaux   dont Tudyne à qui sont revenus le presbytère
       (ici  des  biens  des  fabriques  de  Plobannalec   de Plonivel, toutes les possessions de Saint-
       et de Plonivel) composé des presbytères de   Alour Bihan ainsi que la ferme de Kerlan   Ruine de
       Plobannalec et de Plonivel.  S’y ajoutent la   (fond et droits réunis) où elle réside avec son
       chapelle  de  Saint-Alour  et  les biens  qui  en   mari, Jean-François Calvez.         la chapelle
       dépendent. Cela lui a coûté 2 039 livres   On a noté dans l’acte de vente de  1804
       10 sous. Une bonne affaire, d’autant plus   que la chapelle était en ruine alors qu’en
       que le paiement pouvait être échelonné et   1795 on y assemblait encore les fidèles. La
       que la monnaie, l’assignat, ne cessait de se   toiture a donc dû s’effondrer autour de l’an
       dévaloriser.                        1800. Tudyne et son mari se font construire
       En fait il n’a jamais réussi à s’intégrer   une nouvelle maison à Kerlan et, signe de
       à  Plobannalec.  Suite  à  la  signature  du   leur réussite, font graver leurs noms sur le
       Concordat en 1802, il est nommé desservant   linteau de la porte, ce que l’on peut encore
       à Tréogat  mais ne s’y rend pas. Blasé, il se retire   observer de nos jours. Beaucoup de pierres
       quelques mois au presbytère de Plonivel où il   de la chapelle en ruine ont pris le chemin de
       est probablement encore moins bien accueilli   Kerlan  notamment  la  table  d’autel  qui  est
       que dans le reste de la commune. Il se résout   devenue  la dalle  du  foyer  de la  cheminée.
       alors à vendre toutes ses possessions sur le   Tudyne décède le 2 janvier 1814 à l’âge de
       territoire de la commune pour se retirer dans   36 ans. La rumeur publique a vite fait d’y voir
       sa paroisse natale, Fouesnant, où il décède   une vengeance tombée du ciel en raison de
       en 1811.                            la réutilisation des pierres de la chapelle. Le   Limite de
       L’acte de vente a été signé le 25 messidor An   chanoine Jézégou note à ce sujet : « Il y a   l’ancien cimetière
       XII (14 juillet 1804) entre « les citoyens Jean   30 ans des légendes couraient au sujet de
       Guillermou, prêtre desservant la commune et   la chapelle de Saint-Alour. On disait que la   IGN, photographies aériennes, mission de 1948.
       mairie de Tréogat, demeurant actuellement en   femme de Jean Calvez, dès que sa maison fut
       sa maison ci-devant presbytérale de Plonivel,   construite, tomba malade et ne quitta plus le   En dehors de l’ancien leuker devenu une sorte
       mairie de Plobannalec et Pierre Toulemont   lit que pour aller au cimetière 15 jours après.   de carrefour élargi  pour les routes qui s’y
                                                                                croisent, il ne subsiste rien de l’ancien bourg
                                                                                paroissial. Du temps du chanoine Jézégou
                                                                                existaient encore « les dernières ruines […]
                                                                                et un tas de pierrailles […] à l’endroit où fut
                                                                                la  chapelle  de Saint-Alour-Bihan. »  Mais,
                                                                                ajoute-t-il mélancoliquement «  ruines et
                                                                                fontaine sont totalement abandonnés. Saint
                                                                                Alour ne fait plus de miracles. D’ailleurs
                                                                                personne ne pense à lui en demander. Son
                                                                                culte là-bas est mort. »
                                                                                Ajoutons,  pour  terminer,  que  les  traces  de
                                                                                l’ancien bourg paroissial de Saint-Alour
                                                                                étaient encore reconnaissables dans le
                                                                                paysage jusqu’aux travaux du remembrement
       Archives Départementales du Finistère, 4 E 210, étude de Me Gilles Le Bras.  dans les années 70.

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