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La lettre du Ster de Lesconil

Un peu d’histoire - Par Vincent Le Floc’h

PLONIVEL (SUITE) d’éviter des dépenses supplémentaires. Les gions nordiques. Ces deux statues, tout en
Le grand chantier de rénovation de voici qui effectuent « des charrois de ma- finesse, ramenées très vraisemblablement
l’église, à la veille de la Révolution. tériaux », qui fournissent « un homme de dans les soutes des navires, trahissent l’élé-
chaque maison » pour les travaux des fon- gance de l’art flamand de cette époque.
Les 15 années qui ont précédé la Révolution dations de l’édifice, qui participent à l’abat- Elles retrouvent leur place naturellement
ont été pour la population de la paroisse tage de « 16 arbres de chêne ». Par ailleurs dans l’église rénovée. Autre réalisation, la
un moment d’activité intense. L’église en l’entrepreneur est autorisé à « profiter de chaire à prêcher, récemment restaurée et
place remonte aux années 1500, comme toutes les pierres qui sont dans l’ancienne dont la trace figure dans les comptes de
le manoir tout proche de Kerhoas. Mais bâtisse ». la fabrique pour l’année1787. Elle a été
les membres de la fabrique regrettent sa Ainsi, de l’ancienne église on a conservé sculptée à Pont-l’Abbé par les ébénistes de
trop grande obscurité car « elle n’est point ce qui pouvait encore tenir : les 2 arcades l’entrepreneur Marzin, celui-là même qui a
assez élevée ». Ils notent aussi que la char- de la nef jusqu’aux gros piliers qui suppor- réalisé le gros-œuvre de l’église.
pente est « prête à osciller » et que « les taient le clocher central. Au-delà, toute la
murs [sont] tout anguillés ». Le moment est partie orientale a été refaite et le nouveau
venu d’engager de grands travaux après les chœur se termine par un chevet polygonal,
réparations de fortune sur la toiture et le comme cela se faisait en cette seconde
clocher au cours du XVIIIème siècle. Cela, moitié du XVIIIème siècle. Les bas-côtés
d’autant plus qu’on constate que depuis sont rétrécis. Sur eux viennent se greffer,
les années 1750-1760 le budget régulière- au nord les nouveaux fonts-baptismaux et
ment positif permet au reliquat ainsi réalisé au sud la sacristie et le porche réalisés peu
de s’accroître régulièrement. de temps avant. La toiture au-dessus de la
Mais, attention, point de dépense inconsi- nef est rehaussée. Craignant des compli-
dérée ! Les frais initiaux s’élèvent à près de cations au niveau du clocher on décide au
3400 livres, couverts en grande partie par cours des travaux, de le transporter sur le
les reliquats de l’église paroissiale et des pignon occidental. Tous ces travaux ont été
2 chapelles de Saint-Quido et Saint-Mélar. La rondement menés entre le 3 juin, date de
participation des paroissiens permet aussi la signature du devis retouché et le 15 no-
vembre 1774, jour prévu
pour la fin des travaux.
L’effort se prolonge
pendant les années qui
suivent : lambris, pein-
ture, dallage avec réu-
tilisation de beaucoup
de pierres tombales… et
même une nouvelle porte Photo V. Le Floc’h
à l’entrée du cimetière.
A cela s’ajoute divers
vêtements et objets litur- Photo de « la Vierge à l’Enfant lisant ».
giques. Dans la liste inté-
ressante du mobilier, j’en Les deux recteurs successifs en place à cette
retiens trois dont l’exis- époque ont largement participé à cette ré-
tence est en lien étroit novation. D’abord Henri Coquil décédé en
avec l’économie locale. 1785 et dont le nom, gravé dans la pierre,
Tout d’abord la Vierge à est en partie visible sur le fronton occiden-
l’Enfant lisant et la pietà tal. Son successeur Martial Besnier a passé
toutes deux contem- 10 ans à Plonivel qu’il a quitté en 1795, en
poraines du chantier plein cœur de la Révolution. L’évêque de
des années 1500. Il se Quimper dresse à son sujet, en 1801, un
trouve que c’est alors le commentaire élogieux : « Mauvaise santé ;
moment du triomphe du c’est son seul défaut. »
La paroisse était, pensaient les paroissiens,
grand commerce interna-
Photo JP Le Gall tional des marins de Pen- matériellement bien armée pour envisager
l’avenir avec sérénité.
marc’h, dont les bateaux
sillonnent les mers de
Photo de l’intérieur de l’église l’estuaire de la Gironde Nous verrons, dans un prochain article que
la réalité a été tout autre.
à la Flandre et autres ré-
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